Produire et stocker sa propre électricité.
Ce sont des pionniers : environ 30 000 Français produisent et consomment aujourd'hui leur propre électricité grâce à des panneaux solaires. Encore relativement confidentielle, la pratique devrait se développer de façon exponentielle dans les années qui viennent. Le gestionnaire du Réseau public de transport d'électricité de France (RTE) estime ainsi que le pays pourrait compter quatre millions d'autoconsommateurs résidentiels d'ici 2035. Un développement qui reposera notamment sur la capacité qu'auront les particuliers à stocker l'énergie produite. Le solaire a en effet un point faible : la consommation d'énergie doit être synchronisée avec sa production. Son stockage permet de s'affranchir de cette contrainte : il devient possible d'en profiter de jour comme de nuit, sans tenir compte des heures d'ensoleillement.Les industriels sur les starting-blocks
Les entreprises spécialisées dans l'énergie ont rapidement perçu les perspectives de développement à long terme du stockage d'énergie. De nombreux projets ont donc été lancés depuis le début des années 2010. EDF Renouvelables a par exemple intégré une « option avec stockage » dans son offre d'autoconsommation avec panneaux solaires « Mon soleil et moi ». Les acteurs du monde automobile ont également mis à profit leurs recherches menées ces dernières années sur les batteries (pour les véhicules électriques) pour investir le terrain de la maison individuelle. Le projet le plus emblématique en la matière est celui de l'américain Tesla qui propose une batterie domestique nommée Powerwall. Nissan s'est également lancé dans la bataille en s'associant avec Eaton, entreprise spécialisée dans les solutions de gestion de l'énergie. Son système de stockage, xStorage Home, est disponible sur le marché français depuis fin 2017. Son originalité : outre des modèles avec batteries neuves, il propose des versions avec des batteries de seconde vie, issues des voitures électriques de Nissan. Une façon de réduire le coût des solutions de stockage proposées au grand public.Une rentabilité en devenir
Si plusieurs offres sont aujourd'hui disponibles sur le marché français, force est de constater que peu de batteries ont, pour l'heure, été vendues. Plusieurs raisons à cela. « Nous ne sommes qu'au démarrage, en phase émergente, explique Christophe Bourgueil, responsable Business developement et stockage d'énergie chez Eaton France. Les acquéreurs sont pour l'instant des ''early adopters'' (ndlr : primo adoptants). » Dans les prochaines années, un fort développement de l'autoconsommation devrait ainsi permettre d'accroître les demandes en batteries domestiques.Surtout, le développement des batteries domestiques est, pour l'heure, freiné par le coût de ces équipements. Une batterie Powerwall revient par exemple à environ 7000 € (hors frais d'installation estimés entre 1100 et 3300 € par Tesla). Selon la taille du foyer mais aussi les équipements qui vont être alimentés (une voiture électrique par exemple), plusieurs batteries peuvent être nécessaires. De quoi alourdir la facture, et augmenter du même coup le coût du kWh, déjà logiquement impacté par l'investissement dans les installations solaires.
La difficulté à mettre sur pied un modèle économique explique ainsi pour partie les débuts timides du marché des batteries domestiques en France. Certaines entreprises ont d'ailleurs ajourné d'importants projets, comme Schneider Electric et sa batterie Ecoblade. « Nous ne prévoyons pas de commercialiser cette offre dans l’immédiat, explique un porte-parole. Mais nous restons persuadés que le stockage sera un élément clé de la transition énergétique. »
Les regards se tournent aujourd'hui vers la recherche, et ses perspectives prometteuses pour les années qui viennent. Des batteries plus performantes et plus compactes sont annoncées. Elles devraient être aussi et surtout bien moins chères qu'aujourd'hui. « A ce jour, en métropole, les surcoûts occasionnés par les dispositifs de stockage (coûts initiaux et opérationnels) ne permettent pas de rentabiliser l'installation d'autoconsommation », explique l'Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Mais, ajoute-t-elle, « une baisse importante [de leur] coût est attendue », qui « permettra de rendre attractif son utilisation en métropole à moyen terme », évoquant l'horizon 2025.
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