Financé par le biais d’une campagne de crowdfunding, We Happy Few faisait partie des titres les plus attendus de cette année sur PC et consoles. Ambitieux, le projet de Compulsion Games a toutefois parcouru un chemin semé d’embuches et été victime de plusieurs reports.
Véritable arlésienne, We Happy Few aura fait couler beaucoup d’encre tout au court de son développement. Ambitieux, le projet du petit studio Compulsion Games – auteur du sympathique Contrast – a finalement abouti grâce au soutien de ses nombreux fans qui avaient financé en partie le développement du jeu sur Kickstarter, et à la participation de Gearbox Software, qui s’est présenté pour la distribution du jeu.
Démarré en 2015, le projet se montre très ambitieux dès ses débuts. Les développeurs promettent aux joueurs un univers dystopique proche de celui d’un Philip K. Dick ou d’un Aldous Huxley, dans lequel le joueur devra évoluer de façon non-linéaire. Les premières bandes annonces lèvent le voile sur un titre qui s’inspire ouvertement de BioShock, tant dans son design que dans son approche narrative, avec des dialogues riches et un univers atypique.
Trois ans plus tard, le bébé de Compulsion Games débarque enfin et s’il déçoit par certains de ses aspects, We Happy Few n’en reste pas moins un titre qui mérite le détour pour tous les amateurs de dystopies…
Comme dans l’œuvre de Philip K. Dick “The Man in the High Castle”, l’Allemagne a remporté la Seconde Guerre mondiale et envahi le Royaume-Uni. Les autorités ont réécrit l’Histoire et façonné le monde pour rendre ses habitants heureux. Le joueur débutera ainsi l’aventure dans la petite bourgade de Wellington Wells, dans la peau d’un “archiveur”, une personne spécialisée dans la censure de vieux documents de presse, qui décide, après être tombé sur un document qui le touche personnellement, d’arrêter de prendre les comprimés qui lui sont donnés par le gouvernement. Car il règne un étrange mal à Wellington Wells… Tous les habitants de cette petite bourgade ont été rendus complètement accros à une drogue qui les rend “heureux”. Grâce à elles, les habitants de Wellington Wells voient la vie en rose, et oublient leurs tracas quotidiens.
Comme BioShock, We Happy Few propose donc de plonger dans un univers dystopique riche, dans lequel le joueur devra apprendre à maîtriser les multiples facettes du gameplay – lui aussi très riche – de We Happy Few. Car s’il adopte la vue à la première personne, le jeu de Compulsion Games est loin d’être un banal FPS. Le jeu de Compulsion Games lorgne même davantage du côté du jeu d’aventure / RPG que du simple jeu de tir à la première personne. Car oui, les dialogues sont nombreux dans We Happy Few, et oui, le joueur devra faire des choix qui auront un impact direct sur le scénario.
Très riche, le game-design de We Happy Few laisse toujours plusieurs choix au joueur, pour ce qui est de l’approche des “missions”. Infiltration, manipulation, manière forte, les options sont nombreuses, et à plus d’un titre We Happy Few se rapproche d’un Dishonored dans sa façon de gérer le terrain de jeu. A la différence près que contrairement au titre d’Arkane, l’accent n’est pas mis ici sur l’action – bien qu’il y ait des affrontements -, mais davantage sur la survie, avec un aspect rogue-like travaillé.
Car pour espérer survivre dans ce monde de biens-heureux, le joueur devra faire preuve de prudence et faire profil bas. La mort permanente ajoute du piment à l’action et le joueur devra y réfléchir plus d’une fois avant de prendre une décision…
A mi-chemin entre BioShock et Elder Scrolls, We Happy Few est un jeu à la croisée des genres qui mêle brillamment plusieurs styles de jeu sans toutefois stupéfier par son gameplay. Son univers très riche, la variété de ses décors, son aspect rogue-like, sont autant d’éléments qui lui donnent un cachet unique. Les amateurs de RPG apprécieront par ailleurs la richesse de son gameplay, les nombreux items à récupérer sur le terrain, les dialogues riches, la fabrication d’items, ou la gestion de la faim et de la soif sont autant d’éléments empruntés aux jeux de rôle qu’on n’a pas l’habitude de voir dans un “FPS”.
Il est important de le savoir : We Happy Few n’est pas un jeu pop-corn. Il nécessite de s’y plonger rigoureusement pendant plusieurs heures pour être dompté. La quête principale tiendra le joueur en haleine durant plus de vingt heures. Dès les premières minutes de jeu, le joueur se rendra compte également qu’il n’est pas question ici de courir d’un abri à l’autre en canardant ses ennemis. La plupart des affrontements se font au corps à corps, et le joueur doit constamment garder un œil sur ses différentes jauges, pour s’assurer par exemple qu’il a suffisamment mangé ou bu pour pouvoir sprinter.
En monde semi-ouvert, le jeu laisse le joueur opter pour l’approche de son choix. Si les missions restent relativement dirigistes, les environnements laissent pas mal de choix au joueur sur la manière d’aborder l’action. Très vite, les plus téméraires auront toutefois remarquer que faire profil bas leur permettra d’éviter l’attention des nombreux citoyens, adeptes de la pilule, qui se jetteront sur le joueur aussitôt qu’ils remarqueront un comportement particulier…
Très axé infiltration, le jeu fait la part belle aux assassinats, aux explorations silencieuses et au guet. On regrettera toutefois que l’intelligence artificielle soit loin d’être au point et que le comportement des patrouilles ne soit pas très réaliste.
Reste que dans le fond, We Happy Few est un titre qui propose une richesse de jeu impressionnante et parvient à se démarquer grâce à l’usage de ses drogues, qui permettront au joueur d’obtenir un comportement plus favorable des citoyens, tout en ayant la fâcheuse tendance d’attirer l’attention dès que le manque se fait ressentir… Un concept intéressant qui est là aussi très bien exploité.
Pour autant, et même si We Happy Few surprend agréablement au niveau de l’expérience de jeu, difficile d’être pleinement convaincu par un titre qui a du mal à se renouveler et à la fâcheuse tendance à proposer des missions trop similaires. L’intelligence artificielle mal développée des ennemis, la répétitivité des missions et les nombreux bugs rencontrés dans l’aventure témoignent d’un certain amateurisme des développeurs – qui auraient probablement dû prendre plus de temps pour peaufiner leur jeu.
Et puis, bien sûr, il y a la direction artistique du jeu, formidable, avec un character design d’exception, mais des graphismes qui sont loin d’être au top en 2018… Certes, ce n’est pas le plus important, mais pour un jeu facturé au prix fort attendu depuis aussi longtemps, il est tout de même regrettable que le résultat soit loin d’être à la hauteur de l’attente…
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