Friday, October 8, 2021

Portable : qu'est-ce que l'angoisse de la batterie faible ?

En dessous de 50 % de charge, de nombreux usagers développent des symptômes d'angoisse.

Une étude menée par la Cass business school de Londres montre que le comportement des utilisateurs de téléphone portable change selon le niveau de charge de la batterie de leur mobile. Au point d'affecter leurs déplacements et leur notion du temps.

"Les gens ne réflechissent plus à leur destination selon qu'elle se trouve à dix kilomètres de là ou à dix stations de métro. Ils pensent plutôt si c'est à plus de 50 % du niveau de leur batterie de téléphone." Les propos du docteur Thomas Robinson peuvent paraître exagérés mais ils sont le résultat d'une étudie sérieuse menée au Royaume-Uni chez les utilisateurs de téléphones portables.

Réalisée par l'école de commerce de l'université de Londres, la Cass business school, elle montre comment la pratique du mobile a changé le comportement de ses utilisateurs. Au point qu'on a inventé un nouveau syndrome : l'angoisse de la batterie vide. C'est une sorte d'extention de la nomophobie (pour "no-mobile phone phobia") : la peur excessive d'être séparé de son téléphone mobile.
 

Les téléphones sont devenus un tel lien pour tout ce que nous sommes, que l’incapacité de gérer efficacement la durée de vie de la batterie devient le symbole de l’incapacité de gérer sa vie.

Dr Thomas Robinson, Cass business school


Les personnes interrogées par la Cass business school répondent effectivement qu'elles envisageaient désormais leurs déplacements quotidiens en terme de temps et de réserve de charge mais aussi de distance entre deux points de recharge potentiels.

Le docteur Thomas Robinson précise même : "Au cours des entretiens, ceux qui répondaient en sachant que leur téléphone avait un niveau de charge complet étaient d'humeur positive et pensaient qu'elles pourraient aller n'importe où et faire tout ce qu'elles voulaient. A l'inverse, ceux qui avaient un niveau de charge en dessous de la moitié commençaient à ressentir des sentiments d'anxiété et d'inconfort." Il ajoute : "Les téléphones sont devenus un tel lien pour tout ce que nous sommes, que l’incapacité de gérer efficacement la durée de vie de la batterie devient le symbole de l’incapacité de gérer sa vie."

Les portables ne sont plus seulement des téléphones

L'étude explique cet impact en rappelant que les portables ne sont sont plus seulement des téléphones mais aussi des cartes interactives, des portefeuilles digitaux, des moyens de divertissement, des journaux, des compteurs de pas... et qu'au final le témoin de charge de batterie se retrouvait désormais au coeur des enjeux sociaux et commerciaux. Ne plus avoir de charge sur son appareil, c'est se couper de tous ces réseaux.

Cette "phobie" est d'ailleurs mesurée depuis une dizaine d'années au Royaume-Uni, suite à une étude commandée par les services postaux en 2008 et elle affecte beaucoup les étudiants.

L'angoisse de la batterie vide est d'autant pris aux sérieux par les fabriquants qu'ils communiquent de plus en plus sur des fonctions de "charge rapide", de "partage de charge", de durée de batterie pour leurs nouveaux modèles. Le SAV étant extrêmement onéreux désormais pour changer une batterie, la perte massive d'autonomie d'un appareil est souvent synonyme de son remplacement.

Par ailleurs, des applications, des modes d'économie et de management de sa batterie ont fleuri.

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